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Djiboutiane
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4 mai 2018

La coutume

J'ai longtemps hésité a écrire sur le sujet. Parce que tout simplement il me touchait personnellement, parce que l'on parle rarement de nos traumatismes et de nos cauchemars. Et puis récemment j'ai écouté l'ecrivain français Bernard webber dire que l'on pouvait éviter vingt cinq ans de thérapie en écrivant. Cela m'a beaucoup fait réfléchir.

Et je me suis dit que peut être cela résoudrait des problèmes dans ma vie. Alors aujourd'hui, je me jette a l'eau. Je ne me rappelle pas exactement l'âge que j'avais a ce moment-la. Cela s'est passe un été entre mes dix-douze ans. Tous les étés quand la chaleur commençait a venir  a Djibouti nous partions en montagne au Somaliland (a l'epoque c'était encore la République de Somalie). C'est toujours ma mère qui nous emmenait car mon père devait rester pour le travail. Il ne venait nous rejoindre que vers la fin des vacances pour un mois de congé. Cette année-la, il n'était pas venu, pas au début en tout cas.

Personne ne m'en a parle. Je savais par mes cousines que chaque petite fille devait subir une opération pour devenir pure,sans plus.Un matin, je fus réveillé par ma grand-mère et emmené très tôt chez mon oncle. Je ne savais pas ce qui allait se passer. je fus directement emmené dans une pièce, ou une femme était déjà assise devant des tabourets. Je portais une robe marron chocolat. On me fit asseoir sur un des tabouret face a la dame. Dans une position a 160 degrés, quelqu'un était assis derrière moi, retenait mes bras et m'a couvert le visage d'un voile. On m'a écarté les jambes, en penchant la tête sur le cote j'ai aperçu ses instruments qu'elle gardait sous un tissu.

Je me rappelle exactement de la douleur de la première piqûre dans mes parties génitales, mais pas du reste. Ai je crie? la réponse est que j'ai essaye car elles m'ont dit que je ferai honte a la famille, que je serai la risée des miens. Elles m'ont mis un morceau de tissu dans la bouche pour étouffer mes cris, elles étaient au moins deux derrière moi a me parler.

La seule chose qui m'importait comme je ne pouvais éviter ça c'est que je ne souffre pas, je priais dieu dans mon for intérieur pourvu que je n'ai pas mal davantage. Plus tard, j'ai été ramené dans une autre pièce ou étaient déjà assises, les jambes allongées devant elles trois de mes cousines. Nous devions passer la convalescence qui durait au moins une semaine dans cette pièce ensemble. Je me souviens des regards admiratifs et heureux des grandes personnes sur nous. Je me souviens également de l'immense fierté que j'ai ressenti des années durant. Pour avoir endure l'une des pires atrocités qu'une petite fille de mon âge ait a subir.

La société établie des codes, des règles qu' elle seule connaît et comprend. J'ai suppose a tord que cela avait une origine religieuse, quand j'ai appris que ce n'était pas le cas, j'ai demande a ma mère pourquoi elle a autorise grand-mère a me faire ça, elle m'a répondu qu'elle voulait faire ce qu'elle pensait être bien pour moi. J'ai pleure car je n'avais personne qui blâmer grand-mère étant morte. On ne peut en vouloir a un défunt ni a quelqu'un qui voulait bien faire.

Pendant assez longtemps j'ai voulu comprendre le pourquoi de cette coutume.  Tous les adultes a qui j'ai pose la question, m'ont donne a peu près la même réponse. C'était pour empêcher les jeunes filles de tomber enceintes ou être devierger. Ce qui en soi était faux, car une de mes cousines était tombe enceinte sans être defibuler. Ils m'ont dit aussi que c'était aussi pour diminuer le désir chez la femme, ce qui était faux aussi car j'ai vu des filles excisées plus "chaudes" que d'autres qui ne l'étaient pas.

Aujourd'hui, adulte et mère de deux petites filles adorables. Je pense avoir été victime d'un crime, dans lequel il n'y avait pas de bourreau, il n'y avait que moi. Que je n'ai été qu'un dommage collatéral. Malgré cette inexistence de procès, j'ai décidé de pardonner a moi-même d'abord et la société ensuite. Je trouve que l'on est parfaite comme dieu nous a créée. Et je ne voudrais pas que mes enfants vivent cela pour rien au monde.

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