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Djiboutiane

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31 mai 2015

Les bruits

-bruit-environnement

Ayant pris le bus dans certains pays voisins, j'ai noté une légère différence au niveau du bruit. Là-bas, les passagers montent en silence, s'il arrive que deux personnes ont une discussion ensemble cela se passe en douceur tout en chuchotant. Les bus n'ayant pas d'arrêt fixe, les passagers demandent au conducteur de s'arrêter à tel ou tel endroit. C'est le seul moment où l'on peut entendre la voix d'un passager.

Ici, c'est tout autre chose, le bruit on aime ça ! Je me rappelle une fois, je suis monté dans un bus assez silencieux et un monsieur  a passé tout le trajet à faire des commentaires bizarres sur les gens au point d'en énerver certains lorsqu'on est arrivé au terminus il s'est exclamé :"Dans ce bus, il n'y avait ni "crishbay", ni radio, ni bavard donc j'ai joué les trois rôles et je vous ai amusé." Cela m'a beaucoup surpris j'en ai déduit que le silence nous stressait.

Des bruits, il y en a de toutes sortes. Ceux du véhicule (la moitié du parc automobile en ce qui concerne les bus est en piteux état). Dans certaines ruelles, on a l'impression qu'il émet une sorte de plainte. Viens ensuite les voix du "crishbay" et ces incessantes tapes sur la carrosserie du véhicule pour donner le signal du départ ou de l'arrêt au conducteur. Celui-ci peut à certaines occasions avoir des discussions ou des négociations avec ces connaissances (son mécanicien, d'autres conducteurs, le propriétaire ou la vendeuse de khât). Les passagers peuvent également débattre sur tel ou tel sujet de l'actualité ou de la vie sociale. Ces débats peuvent dégénérer en dispute. Un autre bruit est apparu depuis peu, auparavant les gens pour descendre demandaient au conducteur à voix haute de stopper le véhicule. Étant donné que les conducteurs profitent de la musique trop forte pour ne pas s'arrêter à l'endroit demandé, les passagers ont inventé une nouvelle méthode pour stopper le véhicule, on cogne une pièce de monnaie sur la paroi de la vitre. Le conducteur ne voulant pas endommager la vitre s'éxécute immédiatement. Enfin, celui de la radio,vers la fin de l'après-midi ou très tôt le matin les infos de la BBC et de VOA en somali qui émettent en FM seulement pour les longues distances , car dans le centre -ville la musique prend le dessus sur tout le reste.

L'assaisonnement de tous ces ingrédients peut faire d'un trajet en bus agréable ou non.

 

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30 mai 2015

Les odeurs

odeur

Une odeur est une émanation volatile perçue par l'odorat selon le dictionnaire. Et lorsque l'on est confiné, elle peut être vraiment oppressante. Le bus étant un espace clos par définition, différentes odeurs peuvent se rencontrer ou s'affronter selon les cas.

Le matin, les odeurs de savon, de déodorant, de parfums bon marché, ont la côte. A l'heure de la sortie des bureaux et des écoles ce sont les odeurs corporelles, de la sueur, et des chaussettes qui prévalent sur le reste. Vers deux heures à l'heure du khât et des hommes, ce sont les odeurs de tabac et de plante verte qui circulent. A partir de seize heures, au moment où les femmes se rendent à la rue "des Mouches", des odeurs d'encens de houroud rendent à l'habitacle une certaine fraîcheur. Dans la soirée, à l'instant des boubous soyeux aux couleurs éclatantes, des odeurs de prairie fleurie de jasmin l'emportent et ensorcellent les occupants du véhicule.

La destination est capitale dans la détection des émanations que l'on peut trouver dans un bus. Dans la mesure où l'on peut aisément deviner la destination du bus par les odeurs. Celui qui va dans la banlieue n'aura jamais les mêmes odeurs que celui des classes moyennes. Et tous ceux qui partent travailler en banlieue le matin ne me contrediront pas. Il arrive que des passagers descendent tellement ils sont incommodés.

Si l'odeur caractérise chaque personne alors il en est de même des bus.

29 mai 2015

Ambiance

bus

 

Généralement, elle dépend des passagers, de l'heure de la journée à laquelle on se trouve, de la destination mais également de l'humeur du chauffeur et celle de son acolyte.

Quand je dis que les passagers ont un rôle à jouer dans l'ambiance qui règne dans le bus, ce n'est pas par hasard. Car il y a ceux qui sont muets et qui écoutent "gentiment" sans faire de commentaires sur la musique ni sur la pluie et le beau temps. Il y a les grincheux qui se plaignent du volume du son, du goût du chauffeur, ou de la vitesse du véhicule. Se rajoutent à cette liste les politologues, qui prédisent l'issue des prochaines élections ou commentent les résultats du dernier scrutin.

L'heure de la journée est déterminante pour l'ambiance dans la mesure où très tôt le matin personne n'a envie de parler même la musique se fait douce comme si elle aussi venait de se réveiller. Plus on avance dans la matinée plus les choses s'améliorent, le volume du son augmente. Quand le soleil est au Zénith, les bruits, les sons, et les voix se rejoignent à l'unisson dans une belle cacophonie. A mesure que l'aiguille avance tout ce petit monde se calme et finira par chuchoter tout en écoutant du "qarami" (chant accompagné d'un Oud).

La ville de Djibouti initialement dessinée par le colon est restée la même durant des décennies, ce qui est en passe de changer. Ce dessin de départ a cantonné chaque communauté dans un quartier spécial. Ce qui fait que le bus que vous choisissiez pour rentrer vous cataloguait dans telle ou telle communauté. Donc on peut remarquer que la discussion peut être mener en Afar, en Somali en Arabe ou en créole (un mélange des trois).

Les deux acolytes (le chauffeur et son employé) peuvent être de bonne humeur car peut être que la recette du matin a été rondelette et ils se lèchent les babines à l'idée de ce qu'ils feront de leur part du butin. Cette humeur est facilement décelable par les passagers qui d'ailleurs sont souvent agacés par ces démonstrations joyeuses. Ils peuvent être en désaccord pour telle ou telle raison, et là comme par hasard c'est les passagers qui jouent aux pompiers.

En tout cas dans un bus quel que soit l'endroit ou quelle que soit l'heure de la journée on sûr d'une chose c'est que ce n'est jamais pareil.

27 mai 2015

Les personnages

personnages

Comme dans tout bon roman, il y a des personnages, les personnages principaux, les personnages secondaires. Ceux-ci font avancer l'histoire et donnent corps à l'intrigue

Dans un bus c'est à peu près la même chose, le personnage principal et sans nul doute le plus intéressant c'est le ramasseur de sous "crishbay" comme on l'appelle ici est debout à  la portière du bus. Pourquoi cela me direz-vous? Par pratique, cela lui permet de scruter la rue afin d'apercevoir d'éventuels passagers, de prendre l'argent de ceux qui descendent, mais également de placer les passagers. En effet, il arrive qu'il demande aux jeunes de céder la place à une personne malade ou âgée. Il est très intéressant car c'est de lui dont tout dépend, il donne l'ordre au chauffeur de ne pas s'arrêter à tel endroit, de ne pas prendre tel passager,  de choisir le morceau qui passe à la radio, de griller tel feu si l'envie lui en prend, de choisir l'itinéraire qu'il veut. Comme il est le caissier de la "boîte" c'est sur lui que vont tomber les remontrances à la fin de la soirée  si celles-ci ne sont pas pleines. et puis c'est un métier pénible, très mal vu par la société, et bizarrement les places sont rares et il arrive qu'on s'arrache les meilleurs éléments. Donc, son comportement et sa méthode de travail décideront pour lui s'il restera ou non sur le marché du travail.

Ensuite vient son acolyte le chauffeur, il est au volant comme son nom l'indique. A part conduire son boulot consiste à vérifier dans le rétroviseur si le passager monté est bien assis ou si le passager descendu est bien à terre pour pouvoir redémarrer. Quand la recette est peu trop lourde pour les poches du ramasseur de sous, c'est à lui que reviens la tache de garder l'argent généralement près de son siège afin de faire la monnaie en cas de besoin.

Le suivant sur la liste est facultatif dans la mesure ou on ne le voit que dans certains bus, il arrive qu'il soit assis à droite du chauffeur. Il ne fait rien  de spécial. Il arrive qu'il fasse le même travail de repérage que le ramasseur de sous et d'ailleurs c'est pour cela qu'on l'appelle "radar". Il peut éventuellement en cas de bagarre avec un passager venir en aide au "crishbay" étant donné que celui-ci  à cause de la somme d'argent en sa possession ne peut se battre avec quiconque.

Le tout dernier personnage ce sont les passagers, ils sont différents à chaque tournée. Ils sont très jeunes le matin et à midi donc ils réclament de la musique moderne, une vitesse un peu élevé et ne rechignent pas à se serrer les  uns contre les autres, mais ils ont un tarif spécial. Ils sont d'un certain âge à d'autres heures de la journée, n'aiment ni la musique trop forte ni la vitesse et peuvent être grincheux quand ils le veulent, ils aiment être écouter raconter l'histoire du pays (c'est leur spécialité car il y a personne pour les contredire).

Tout ce petit monde se regarde, s'admire et se juge de façon impitoyable. Ils leur manquent juste un micro pour amplifier le son.

 

21 juin 2014

La victime

Aujourd'hui, au feu rouge près du camp Cheik Osman, une jeune femme d'à peine 20ans est monté dans le bus. Elle tenait dans ses bras un bébé d'environ un an. Le crishboy la voyant si frêle avec un nourisson dans les bras a demandé au petit garcon assis sur le "siège wayeel" de lui céder la place.

Mais elle n'a pas tenu compte de cette remarque et est parti s'asseoir à l'arrière du véhicule. Nous avons franchi le pont et hop quelqu'un demande au conducteur d'arrêter le bus. Celui-ci se retourne pour découvrir son crishboy à l'arrière demande ce qui se passe. On lui répond qu'une personne s'est évanouie, c'est la jeune femme avec le bébé.

On reste stationner à la sortie du pont cinq minutes. Dés qu'on lui retiré l'enfant et qu'on l'a allongée sur le siège arrière, le bus est reparti. Une minute après la jeune femme reprend connaissance. Là commence l'interrogatoire en règle pour savoir d'où elle venait et ce qui l' avait amené à perdre connaissance. L'interrogatoire est mené par une dame d'une trentaine d'années, qui s'exclame à la fin de celui-ci que la présumée "victime" est une droguée. L'interessée dément ces allégations et dit habiter le village frontalier de Loyada.

La dame, vendeuse de khât, selon les dires d'une autre passagère (qui se dit être aussi sa soeur) donc cette dame certifie connaitre la jeune femme s'ensuit un affrontement verbal assez violent. Les autres passagers essaient de s'interposer. Le bus arrive au feu rouge et s'arrête. La jeune femme descend en laissant son bébé à l'intérieur.  Tout le monde se met à crier, certains demandent au crishboy de faire descendre aussi l'enfant et de le remettre à sa mère qui s'est assise sur le trottoir. Ses yeux  sont d'une rougeur qui fait peur les larmes n'y en rien ajouter. D'autres lui suggèrent de la ramener à bord pour la remettre (elle et l'enfant) à la police car elle risquait d'abandonner le bébé sur la route. Le pauvre crishboy est tiraillé entre les deux parties. En fin de compte, il remet l'enfant à sa mère avant de remonter dans le bus.

La jeune femme se lève, laisse son enfant sur place. Tout le monde à l'intérieur du bus se met à hurler, elle continue de marcher, un passager descend un homme d'une cinquantaine d'années, et se lance à sa poursuite, les autres continuent à hurler. Chacun y va de son commentaire, de sa suggestion. Le bus dépasse le feu et s'arrête en attendant le quinquagénaire. Celui-ci le rattrape quelques mètres plus loin et lui intime l'ordre de prendre son enfant. Elle refuse. Il fait semblant de la frapper, elle se recroqueville comme pour esquiver un coup et lui demande de ne pas la frapper. Elle reprend le bébé. L'homme remonte dans le bus. Les explications commencent si elle disait habiter Loyada c'est simplement pour attirer la compassion des passagers et que ceuxèci puissent lui rassembler une certaine somme qui lui permettrait de s'acheter "sa dose". Le fait qu'elle porte un nourrisson et la soi-disant crise d'épilepsie tout cela faisait partie d'une comédie. Tout ces commentaires et ces éclaircissements sont donnés par la vendeuse de khât.

Dans le même temps, le bus s'arrête à une station service proche pour faire le plein. On y patiente quelques minutes, le temps qu'il faut pour la jeune femme de nous rattraper. Celle-ci porte son enfant sur le côté et de l'autre maintient un caillou avec lequel elle le menace de lancer sur la vendeuse de khât. Le conducteur reprend la route. Un débat s'installe à l'intérieur du bus, entre ceux qui sont pour l'indulgence face aux excès des drogués et les partisans de la sévérité. Je descends du bus sans qu'il y ait d'entente entre les deux partis mais au moins un certaine accalmie s'était instaurée.

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11 juin 2014

Des remarques...

remarques

 

Les remarques, je les écoute d'une oreille distraite. Personnellement, je ne me suis sentie visé par des remarques désobligeantes que très rarement. Mais il y a certaines que l'on a du mal à avaler. "Diviser pour mieux règner" telle était la devise du colon et c'est ainsi que le visage de la ville s'est constitué. Chaque communauté a ses quartiers et au sein même d'une même communauté il y a des subdivisions. Ce cloisennement a créé des clichés et des stéréotypes. Il suffit que l'on donne le nom d'un quartier pour que l'on soit classer automatiquement dans une catégorie.

Ce qu'il ne faut pas oublier c'est que cela était vrai il y a de cela quelques années mais que la société a beaucoup changé. Reste que les clichés ont la peau dure. Un après-midi, j'ai pris le bus pour aller travailler, il était près d 14h30 et à cette heure-là la chaleur est infernale très peu de gens circulent en majorité des hommes allés chercher du khât ( la plante magique). A un arrêt, une femme de ménage a renversé de l'eau sale sur le trottoir. L e chauffeur du bus l'a traitée de "pétasse". Il a ajouté qu'elles venaient du fin fond de je-ne-sais-où pour salir les routes de notre belle ville (cette jeune avait l'air d'une bonne à tout faire et ces filles sont en majorité d'origine étrangère). La féministe en moi s'est mise en colère. Je me suis mise en guerre contre la gratuité du geste. Je n'ai pu m'empêcher de lui sortir que cette eau sale provenait d'une maison appartenant à des nationaux et que c'est des gens comme lui et moi qui donnions à nos employés de maisons l'ordre de jeter l'eau sale sur les trottoirs. Qu'il fallait que chacun se préoccupe de la destination de ses ordures au lieu de s'acharner sur de pauvres innocentes. Je suis restée sur ma lancée et j'ai continué en lui disant qu'il n aurait pas aimé que l'on insulte sa soeur, sa fille ou sa mère dans un pays étranger.Il m'a répondu qu'il n'avait plus de mère et qu'il n'avait pas de soeur. Comme il n'a pas évoqué de filles, je lui ai demandé s'il en avait, il a répondu par l'affirmative. J'étais arrivé à destination, je suis descendu du bus.

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